lundi 19 avril 2021

Bourisp et la ligne bleue des Vosges





Entre 1890 et 1900, les autorités procèdent à un recensement national des moyens civils qui pourraient être mis à la disposition de l'armée en matière de cantonnement et de logement. La réponse de Bourisp figure dans les archives municipales:


Sur ce document on apprend que les 294 habitants de Bourisp (nombre corrigé à 210, ce qui est plus réaliste), qui habitent 43 maisons, pourraient mettre à la disposition des officiers 12 chambres et 13 lits, ainsi que 50 lits pour la troupe, 1200 places pour les chevaux (du 1er juin au 15 septembre, sans doute parce-qu'à cette période les troupeaux bourispois sont à l'estive) et garer 34 voitures. 700 hommes pourraient être cantonnés (dont 80 en mairie!).
Une note rajoutée en bas de page précise que du 1er juin au 1er septembre, il y aurait 2300 places pour les hommes si on les logeait dans les écuries.


A quoi est lié ce recensement? 

Sans doute aux suites le la défaite de la France en 1871. Napoléon III est vaincu. Le traité de Francfort attribue l'Alsace et la Moselle à l'Allemagne victorieuse. Mais la France garde le regard tourné vers "la ligne bleue des Vosges" selon l'expression de Jules Ferry. On prépare la revanche. Dans les écoles, on exerce les enfants au maniement du fusil (en bois). Et on se prépare activement à la guerre: sans doute ce recensement général préparait-il le regroupement des forces à la mobilisation avant le transport vers le front. Il est peu probable toutefois qu'un tel regroupement ait pu avoir lieu à Bourisp, compte-tenu de sa position géographique bien loin de la "ligne bleue des Vosges"



Carte postale de "propagande"  vers 1890.

La guerre initiée par Napoléon III inspirera en 1870 au jeune Rimbaud, alors âgé de 16 ans le beau poème "Le dormeur du val":