"M. le Président met sous les yeux du conseil le projet de construction de la maison d'école de garçons dressé par M. Abadie, architecte à Arreau, afin que cette assemblée fasse connaître comme elle entend assurer le paiement de la dépense qui s'élève à 14000 francs.
Le conseil, reconnaissant l'urgence de la construction de la maison d'école dont la commune est dépourvue approuve ce projet, mais il regrette de ne pouvoir faire de larges sacrifices, car les ressources de la commune sont absorbées par les charges locales.
En conséquence le conseil vote les ressources ci-après:
Emplacement acquis par la commune: 3000 F
Fonds disponibles en caisse: 2000 F
Total: 5000 F
Secours sollicité: 9000 F
Total égal au montant du projet: 14000 F.
Le conseil espère que le Gouvernement dont les largesses s'étant déjà manifestées dans un grand nombre de communes pour assurer l'installation matérielle de l'instruction publique, répandra encore sa magnificence sur la commune de Bourisp"
Rien n'a vraiment changé si ce n'est le vocabulaire. Aujourd'hui encore la plupart des projets communaux ne peuvent être menés à bien que grâce à des subventions de l'état, du département...Photo de classe 1947 |
En 1887, l'instituteur Verdier évoquait dans sa monographie l'enseignement à Bourisp et décrivait l'école nouvellement construite:
"Bourisp a eu à un temps fort reculé des instituteurs primaires. A la date de 1730 certains écrits trouvés dans des maisons particulières auraient été rédigés par un nommé Gaspi, régent. C’étaient des maîtres d’écoles libres, la première nomination officielle, ou plutôt le premier instituteur officiel pris et payé par les communes daterait de 1816. Le sort de ce fonctionnaire comme celui de tous ses collègues d’alors était fort précaire. Il recevait un traitement de 200frcs prélevé sur les fonds municipaux. En sus de cela il percevait chez les parents des élèves des redevances en nature : œufs, pain, lait, graisse etc. De plus il était invité à diverses fêtes, aux noces. Il ne pouvait être ni sacristain, ni chantre, ainsi que tant d’autres, puisque la commune n’avait pas de prêtre, ajoutons d’ailleurs que dans nos village les maîtres d’école non jamais été soumis à des fonctions peu en rapport avec leur profession, à l’instar d’autres endroits.
Après la loi de 1830, Bourisp eut aussi son instituteur nommé alors par l’administration départementale. Depuis lors l’historique de l’enseignement et des maîtres est celui de toutes les communes.
Jusqu’en 1845, Bourisp n’avait pas d’école de filles. La commune en prit à ce moment une qui resta quelques années. A son départ, on ne lui donna pas de remplaçante, et l’école redevint mixte jusqu’en 1860. Une institutrice libre s’y installa cette année jusqu’à 1863. A cette date la commune vota de nouveau des fonds pour une institutrice qui fut nommée officiellement. Vu l’exiguïté de la population, le poste était non classé. D’après le loi de 1886, l’Etat qui jusque là par faisait le traitement de l’institutrice laisse le tout à la charge de la commune qui devra prélever sur son budget la somme de 600frcs. Jusqu’en 1884 les deux écoles étaient situées dans le même établissement, la Mairie. La salle des garçons au rez-de chaussée, celle des filles, ainsi que le logement de l’instituteur au 1° étage, où ils sont encore actuellement. La commune payait une indemnité de logement au maître. En 1882 on construisit l’école spéciale de garçons qui fut inauguré en 1884. Les écoles ont été payantes jusqu’en 1882.
L’école des filles, comme il est dit, se trouve au 1° étage de la mairie au centre de la localité. Ses dimensions sont de 6m 93 de longueur moyenne, 6m 60 de largeur et 3m de hauteur. Les côtés sud et est ne présentent pas d’ouvertures; le premier est en partie occupé par une assez
vaste cheminée. Le côté nord est percé de deux portes; celle du nord-est sert d’entrée principale, celle du nord-ouest s’ouvre sur le logement de l’institutrice. Le côté ouest est percé de deux fenêtres, de 2m sur 1m. Dans l’après-midi la salle est suffisamment éclairée, puisque le soleil vient frapper directement les deux ouvertures, mais le matin la salle est un peu sombre. L’école des filles a à sa disposition comme préau, l’ancienne salle des garçons au rez-de-chaussée. La vue donne sur la place publique et à l’horizon sur le contrefort ouest de la vallée au haut duquel se montrent les granges de la montagne de Vielle-Aure. La maison d’école des garçons se trouve au sud-est du village, la salle est précédée d’un vestibule de 2m de largeur. Ses dimensions sont : 7m 50 de long, sur 5m 15 de large et 4m de haut. Le côté sud-est percé de deux grandes fenêtres de 1m 52 sur 2m 20; elles ont pour pendant du côté nord, deux autres baies de 1m sur 2m. Les côtés est et ouest sont percés chacun d’une porte, la 1° sert d’entrée; la seconde donne accès sur un préau couvert et sur la cour située au sud de la maison. La salle d’école est bien éclairée et aérée, les élèves reçoivent la lumière bi-latérale. La vue vers le nord donne sur des jardins; vers le sud sur la cour et le ruisseau la Mousquère bordé de peupliers; au-delà se dessine le coteau de Sailhan, puis le fond de la vallée et dominant tout le tableau l’encadrant de ses lignes sévères, la crête dentelée des Pyrénées.
Eu égard à la petite population de la commune les besoins de l’instruction primaire sont amplement satisfaits. Les seules améliorations pressantes à réaliser seraient les achats de mobiliers scolaires nouveau modèle dans les deux écoles: armoires, bibliothèques, bancs, tables, appareils de gymnastiques. Les écoles sont fréquentées assez régulièrement du 15 9bre, à Pâques; mais le reste de l’année les absences sont très nombreuses, trop nombreuses et le résultat des études primaires est gravement compromis. Les parents occupent les élèves pendant la belle saison, à la garde du bétail. Tous les enfants reçoivent pourtant une instruction sommaire; nous n’avons pas à mentionner ni conscrit, ni conjoint illettrés dans la dernière année; le cas d’ailleurs ne se présente pour ainsi dire jamais.
La commune possède une bibliothèque scolaire trop incomplète malheureusement. Elle date de 1879 et fut créé au moyen d’un fond voté par le Conseil municipal. Le nombre des volumes est de 40; celui des prêts en moyenne de 35.
Le traitement de l’instituteur est de 1200 frcs; celui de l’institutrice de 600frcs. La commune étant propriétaire des immeubles scolaires n’a pas de loyer à payer. Les sacrifices qu’elle devrait s’imposer pour les améliorations dont nous avons parlé s’élèveraient de 1800frcs à 2000frcs environ.
Bourisp le 8 avril 1887
Verdier, instituteur."