Abbé Bernat

Eugène Bernat nous a quittés le 28 février 2020 et a été inhumé à Mazères de Neste dans la paroisse dont il a été le curé très dynamique et très dévoué pendant plus de cinquante ans. Enfant de Bourisp où il est né en 1925 et où il revenait régulièrement pour voir les anciens et se recueillir dans notre église, ami également de notre regretté Francis Tisné, il est aussi à l’origine de l’Association des Amis du Vieux Bourisp qui l’ont accompagné sur son dernier chemin. 

A propos de la disparition de la Vierge noire, Eugène Bernat écrivait:

"Disparition de la Vierge Noire de Bourisp.


(Par l'Abbé Eugène Bernat)

Elle était là depuis de longs siècles, protectrice du village de Bourisp et même de la vallée d'Aure. Elle était liée à leur histoire et tous l'avaient respectée, même aux époques les moins religieuses. Il a fallu attendre la fin de ce XXe siècle pour que l'inconcevable se produise. Dans la nuit du 21 au 22 novembre 1982, des voleurs ont brisé un vitrail à gauche du chœur et ont dérobé, outre la célèbre Vierge Noire, un calice en argent du XVIIIe siècle, et une belle croix processionnelle. C'est le vol de la célèbre statue qui a le plus affecté les habitants et les responsables de l'église de Bourisp, ainsi que tous leurs amis.
Pour garder le souvenir et permettre, peut-être, de retrouver un jour ces objets si précieux à plusieurs titres, nous reproduisons l'excellente description laissée par le Baron Louis de Fiancette d'Agos, de Tibiran, en 1854 :
"La raideur de ses formes, les draperies et ornements dont elle est couverte, nous font penser que la statue doit remonter au moins au XIIe siècles.
Le siège sur lequel elle est assise est peint en noir avec des rinceaux couleur d'or. Elle est vêtue d'une robe noire, peut-être primitivement bleue, à fleurs rouges et or, d'un manteau à fleurs d'or, et d'un voile blanc à fleurs rouges. La bordure du manteau et de la robe est d'or avec des cabochons rouges et noirs. Le manteau est retenu sur la poitrine par une plaque d'or à cabochons de couleur. Les souliers sont blancs avec des points rouges et ornés au milieu d'une bande noir et or. La main droite manque.
L'Enfant Jésus qu'elle tient sur le bras gauche porte une couronne sur la tête, et par dessus la robe un manteau rouge bordé d'or. Il tient à la main gauche un livre ouvert, et bénit de la main droite.
L'église a encore une belle croix processionnelle en argent repoussé, offrant des arabesques et des rinceaux d'un joli goût ; d'un côté on y voit un crucifix avec les symboles évangéliques ; de l'autre, Notre Dame entourée d'anges. Sur la hampe on lit : 1617. PD. BORIS.
On y conserve encore un calice ancien d'un beau travail". Et Monsieur d'Agos signale en note "qu'il est fâcheux qu'on ait cru devoir altérer récemment la forme de ce calice."
L'abbé J.-M. Rumeau, ancien curé Doyen de Vielle-Aure, dans une plaquette sans date mais assez récente, signale que "la statue de l'Enfant Jésus est traversée par un orifice qui devait primitivement recevoir une cheville en bois, ce qui permettait d'asseoir plus solidement l'Enfant sur les genoux de la Mère, ainsi que devait être sa position primitive."
Le même abbé Rumeau précise encore un autre détail exact, c'est évidemment du giron de la Vierge pour mieux asseoir l'Enfant. L'Enfant Jésus était donc en 1854 placé à tord sur le bras gauche de la Vierge et quelqu'un, probablement l'abbé Rumeau, lui a redonné sa position primitive.
Dernier détail fourni par la gendarmerie de Saint-Lary, la hauteur totale de la Vierge est de 0.53 m.
Fort heureusement, nous possédons des photos très nettes et sous plusieurs angles, de cette œuvre précieuse. Agrandies en posters de 30 X 40 cm, elles ornent déjà de nombreuses maisons de Bourisp ou d'ailleurs. Grâce à elles, on peut observer tous les détails de la statue et éventuellement en faire sculpter une autre. C'est le but que se sont fixés de nombreux amis de Notre-Dame de Bourisp. Ils refusent de laisser le dernier mot à ce type de voleur que le peuple plaçait autrefois dans la catégorie la plus abjecte en disant de lui : " que panarie sus et auta"."


Dans la Dépêche le 7 mars 2020, Henri Noguéro rendait un bel hommage à l'abbé BERNAT :

"L’Abbé Eugène Bernat, de 1963 à 2013 (année de son jubilé) fut le curé de Mazères-de-Neste et vicaire économe de Tibiran-Jaunac. Il était connu de tous, apprécié à sa juste valeur par son implication accrue et significative autant dans sa paroisse que dans celles du Bas-Nistos et de la Barousse mais aussi auprès des associations culturelles et sportives locales et du Comminges.
Issue d’une modeste famille aragonaise de la vallée de Gistain établie dès 1862 en vallée d’Aure ; Eugène Bernat naquit le 9 septembre 1925 dans le petit village de Bourisp. Il était le cadet de trois enfants très tôt orphelins de leur mère décédée en 1929.
Ce qui éblouissait en l’abbé Eugène Bernat, homme d’Eglise chevillé au corps et toujours sur la brèche, était sa simplicité, sa générosité, sa proximité, sa joie de vivre, toujours prêt à rendre service. L’attention qu’il portait aux autres a toujours été exceptionnelle, quelles que soient leurs origines sociales et opinions politiques. Ceux qui ont eu le privilège de le rencontrer ont pu sentir sa grande humanité.
Ordonné prêtre à Albi en 1950 (O.S.B.), professeur au Petit Séminaire Massols ainsi qu’à Orléans avant de rejoindre l’orphelinat Lamon à Tarbes, l’abbé Eugène Bernat était connu pour être un homme cultivé et membre de sociétés savantes. Ardent défenseur des langues régionales et plus particulièrement du Gascon, sa vivacité intellectuelle savait allier l’art de la rhétorique à la repartie commingeoise, pleine d’esprit et d’à-propos, dont il fut le chantre en éditant trois volumes de vulgarisation : "Proverbes patois, dictons traduits et expliqués" qu’il rapprochait aux sages maximes de "l’Ecclésiaste" écrites 250 ans avant Jésus-Christ."
L’office religieux fut concélébré ce mercredi 4 mars en l’église paroissiale de Mazères-de-Neste par Monseigneur Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes. Un éloge funèbre fut adressé lors de son inhumation au cimetière. Son neveu Georges et sa nièce Geneviève Bernat souhaitant remercier la population, les élus locaux, les chorales de leur accueil si chaleureux, empreint d’affection et de tendresse partagée.
Henri Noguéro