Millet, vers 1861 |
Comme souvent dans les problématiques du moment un regard sur notre histoire peut nous aider à trouver des éléments de réponses. Un exemple d'économie symbiotique en ce premier tiers du 19ème siècle: le ramassage et la valorisation des boues qui jonchent les rues du village.
En ce début du 19ème donc, tout est précieux, à Bourisp comme dans la vallée, comme sans doute dans toutes les campagnes françaises. Les terres sont limitées et les troupeaux nombreux. A Bourisp à cette époque là, plus d'une vingtaine d'éleveurs se partagent la terre pour environ 500 vaches auroises et chevaux navarrais.
Bourisp est une commune de petite superficie, moins de deux kilomètres carrés dont un gros tiers occupés par le village et la forêt. Les superficies moyennes par éleveur sont de l'ordre de six hectares. Bien sûr il y a les estives, Grascoué, le Rieumajou..., mais c'est pour le printemps et l'été.
Il faut donc que chaque are de prairie produise une herbe grasse et abondante. C'est pour cela qu'un système d'irrigation très élaboré a été mis en place (on y reviendra dans un prochain billet). C'est pour cela aussi que les boues (bouses des vaches et crottins des chevaux) sont précieuses pour enrichir la terre à une époque où c'est le seul moyen. Fumure précieuse pour les jardins aussi.
100 ans plus tard. Photo collection Amis du Vieux Bourisp |
Pourquoi laisser perdre ce qui est utile, nécessaire et même précieux? C'est le cas des boues déposées dans les rues du village par les troupeaux qui vont ou reviennent des prés et qui vont boire à la fontaine. D'une pierre deux coups: contribuer à la salubrité du village, mais aussi utiliser ce fertilisant naturel. Ces boues sont si précieuses que celui qui est chargé de les ramasser doit payer pour cela.
On le sait, les villages de la vallée sont organisés de longue date et les sujets d'intérêt commun se règlent dans la clarté et la rigueur. C'est ainsi que ce 6 janvier 1838 sont organisées les enchères publiques pour l'attribution du droit de ramasser les boues dans les rues. Le mieux disant remportera le marché pour un an.
Voici le compte-rendu de ces enchères, déniché dans les archives départementales des Hautes-Pyrénées:
Source: Archives Départementales 65 |