mercredi 3 novembre 2021

L'arruscadèr


Dans la "hournère" d'une ancienne ferme de Bourisp, un vieil et grand objet en bois (diamètre 95cm et hauteur 86 cm). Le récipient  en bois d'une seule pièce a été façonné en évidant le tronc d'un gros arbre. Il est posé sur une pierre dans laquelle a été creusé un petit canal qui amène vers un trou d'évacuation. A quoi ce bel objet historique pouvait-il bien servir?

La réponse nous est donnée lors d'une visite à la Maison de la Nature dans le beau village d'Aulon qui expose un récipient semblable avec le commentaire suivant: "L'arruscadèr, la machine à laver de l'époque. La lessive était quelquefois bi-annuelle ou même annuelle, grâce aux piles de linge qui emplissaient presque toujours les armoires des campagnes. On choisissait de préférence, pour faire la lessive, le printemps ou la fin de l'été.

Un tronc d'arbre évidé recueillait le linge à laver. On versait de l'eau bouillante, chauffée dans un chaudron et on ajoutait la cendre de bois qui permettait de blanchir. L'eau du cuvier s'écoulait grâce à des canaux creusés dans la pierre vers un trou réservé à cet usage. On stockait donc le linge à sec, en général au grenier, en prévision de la lessive annuelle. Cela durait trois jours: le premier jour la lavandière mettait le linge dans le cuvier et ajoutait les cendres, le deuxième jour elle remplissait d'eau bouillante, le troisième jour, le linge était battu et rincé."

La hournère avec de gauche à droite l'arruscadèr, le foyer et le four à pain, "hourn" en patois de la vallée d'ou le nom de la pièce, la hournère.
D'autres "arruscadèrs" à Bourisp? 
NB: arruscader, bugadèr, botja, cubéir sont des versions en patois de cuvier.

PS: à écouter: l'interview de Jeanne, née en 1921, qui nous parle d'arruscadèr, et nous dit, entre autres choses: "corvadas - bugadas - 2 o 3 còps per an - un arruscader - coma ua barrica arronda - savonar e botar cendres - eth leishiu que colava - qu'èran blancs - e hè'us secar sus eras sègas"