mercredi 8 juin 2022

Juin 2013: la Mousquère déborde

Météo du 18 juin 2013

Ce 18 juin 2013, Météo France place les hautes-Pyrénées en alerte orange orages et crues (voir ICI le bulletin météo de Météo France pour ce jour là). Et en effet, la conjonction de la fonte de très importantes couches de neige et de fortes pluies d'orages  entrainait de terribles inondations dans les Pyrénées. La vallée d'Aure, même si elle fut moins sinistrée que d'autres vallées voisines, subit de lourds dégâts. A Bourisp, la Mousquère se transforma en un torrent dévastateur.

Voici ce que publiait la Dépêche le 20 juin 2013.

"En vallée d’Aure, Arreau, Cadéac-les-Bains, Bourisp, Vielle-Aure et Saint-Lary portent les stigmates de la crue de la Neste et aussi de La Mousquère.

A l’entrée d’Arreau, en venant de Sarrancolin, le panneau lumineux d’informations routières indique que l’accès est interdit aux poids lourds à partir de Bourisp. à Arreau, la circulation s’effectue de manière alternée. La crue de la Neste d’Aure a généré un effondrement de terrain, rive gauche. Celui-ci a engendré une rupture de canalisation d’eau et d’assainissement. Dans cette partie basse du village, plusieurs habitations ont été inondées. «Dans le quartier de la place des 2 nestes, un transformateur d’EDF a été mis hors-service. Une cinquantaine d’usagers ont été privés de courant de 16 heures, mardi à 7 heures, mercredi», explique Pierre Laffont, premier adjoint au maire d’Arreau. «La station d’épuration est hors-service», ajoute Pierre Laffont.

Au confluent des nestes d’Aure et du Louron, les eaux bouillonnantes de couleurs marron sont impressionnantes.

«La place de l’Arbizon était transformée en lac. Hier, on ne voyait plus les escaliers, c’étaient des torrents. L’eau s’est arrêtée à 50 cm de mon restaurant. J’avais mis de planches pour la stopper. C’est la première fois que je vois ça» explique Patrick Riguet, patron du restaurant «L’Arbizon». Ce mercredi matin, les employés municipaux nettoient les berges submergées, rive droite de la Neste.

Au pont de Cadéac-les-Bains, le maire, Jean-Louis Anglade, nous confie, que mardi, lors du pic de crue, vers 18 heures, «l’arche était remplie d’eau à plus de la moitié. En aval du pont, la Neste a grignoté la berge rive gauche, a arraché et emporté deux arbres. On va devoir refaire l’enrochement comme sur la rive droite». à la sortie du village, la Neste a largement débordé de son lit et s’en est créé un autre plus grand. «Je ne l’ai jamais vu venir jusqu’ici». Jean-Louis Anglade montre les embâcles formés par les arbres déracinés. Le maire explique qu’il y a un banc de sable au milieu de la Neste. «J’ai demandé, en vain, de drainer le lit de la rivière. C’est ce banc de sable qui a projeté la Neste de l‘autre côté et a créé un nouveau lit».

Route du Hailla, fermée mardi, la déchetterie du SMICTOM, situé en bordure de la Neste a été submergée par les flots. «Ils avaient attachés les bennes qui par chance se sont coincées entre les arbres du site sinon l’eau les auraient emmenées», confie Jean-Louis Anglade. Toujours route du Hailla, les marques sur les murs du bâtiment montrent que l’eau a envahi le premier étage de la colonie de vacances Jean-Moulin qui était inoccupée. «On entendait les vitres qui explosaient depuis la route», confie Jean-louis Anglade.

Bourisp douché

La RD 929 est barrée au rond-point de Bourisp. Une déviation est mise en place par le village. Ici, c’est le ruisseau La Mousquère, transformé en torrent furieux, qui a douché une partie du village. «La Mousquère descend depuis Azet. Elle est sortie de son lit et a inondé trois maisons route de la Mousquère et environ cinq habitations chemin de Nérou ainsi que le rond-point et la route. Toute la plaine agricole est ensablée. Le camping du Rioumajou, lui n’a pas été touché», indique Jean Paucis, maire de Bourisp. Habituellement, le lit de La Mousquère est large de 4 m. Là, il s’étend allègrement sur une trentaine de mètres.

Au-dessus de la route de la Mousquère, en amont du pont, le torrent a arraché un bout d’une ancienne scierie aménagée en maison d’habitation. La passerelle qui y conduit a été emportée. «En aval du pont, la rive droite de La Mousquère a été renforcée afin d’éviter que l’eau n’envahisse les rues du village», explique Alain Peneveyre, conseiller municipal. Mais La Mousquère, qui d’habitude passe à droite est sortie de son lit rive gauche et a foncé tout droit vers les habitations du quartier Autun. «L’eau est montée vite. On s’est fait surprendre. On s’est sauvé nous surtout. L’eau a défoncé les portes. Il y a eu jusqu’à 1,50 m d’eau dans la maison», explique François Knapen.

Ce mercredi matin, un bulldozer intervient dans le lit de la rivière pour dévier son cours de l’axe des habitations du quartier Autun. Vers midi, la circulation est rouverte de manière alternée. La boue recouvre le chemin de Nérou. «Il venait d’être refait. Il ne manquait plus qu’à le goudronner», indique un riverain, Jean-François Coll.

A Vielle-Aure, la berge a cédé au-dessus de la résidence de Graoués. «La Neste est sortie rive droite, a pris la route et a inondé toutes les résidences : La Soulane, Le Parc, Les ardoisières, etc. On a installé des big bags pour dévier le lit de la rivière afin d’éviter que la partie basse du village ne soit inondée», explique Maryse Beyrié, maire de Vielle-Aure. Le lotissement du Bernet a été évacué. 90 personnes ont été relogées au centre L’éterlou.

La digue de Vignec a cédé, remblayant le ruisseau de Saint-Jacques qui descend d’Espiaube. Obstrué, celui-ci est sorti de son lit à trois endroits et a inondé une partie du village de Vielle-Aure. «On a ouvert la digue au droit de la Poste pour que l’eau s’écoule»

Quelques photos prises le jour même et dans les jours qui suivirent:


















Le 18 juin et les jours suivants, le village se mobilisa, d'abord pour éviter le pire, puis pour remettre autant que faire se pouvait les choses en ordre.

Mais il fallait réparer les dégats et prévenir de nouvelles crises de la Mousquère.  L'équipe municipale, sous la direction du maire Jean Paucis, élabora avec un bureau d'études ce que pouvait être une solution pérenne, et mobilisa les financements nécessaires.

Deux ans plus tard en 2015, les travaux de protection du village étaient effectués. 

Un article de La Dépêche en rendait compte le 15 août 2015:

"Bourisp. Travaux dans le lit de la Mousquère
De gros travaux entre les deux ponts de Bourisp. Photo J.-P. Turmo.

Quand on voit, en ce moment, le lit tranquille de ce petit ruisseau de montagne qui se nomme la Mousquère et qui vient du plateau d'Arssoué, en passant le long des villages de la vallée et du moulin de Sailhan, on ne s'imagine pas comment en période de crue, il a pu devenir une bête féroce qui a charrié cailloux, terre et surtout arbres en occasionnant de très gros dégâts.

Les anciens vous diront : «Avant, on nettoyait les ruisseaux». Mais maintenant, avec la législation en vigueur, rien n'est plus possible, alors, il faut des autorisations exceptionnelles comme à Bourisp, en ce moment, pour refaire le lit du ruisseau et protéger les habitations et les routes.

Tout cela coûte très cher à la collectivité, alors pourquoi ne pas agir en amont?

Mais là, nous touchons à un sujet chaud d'une loi spécifique à la montagne et à la volonté de nos politiques de la mettre en place !"

Un observatoire de la Neste a été créé. Un Plan d'Actions et de Prévention des Risques (PAPI)  démarche concertée et globale de prévention des inondations s’applique à l’ensemble du bassin versant de la Neste. Il est porté par le PETR du pays des Nestes en concertation avec l’ensemble des acteurs du territoire. 
C’est un outil de planification d’actions de prévention des inondations qui s’appuie sur un diagnostic approfondi du territoire. Cette évaluation permet de caractériser le risque d’inondation, de recenser les enjeux, d’analyser les ouvrages de protection et les dispositifs existants en terme de prévention et de gestion des inondations. Suite au diagnostic, une stratégie globale de prévention et de protection contre les inondations a été définie sur le bassin de la Neste.

Un nouveau plan de prévention des risques (PPR) est en cours d'élaboration par les services de l'état. Il tiendra compte sans nul doute des évènements de 2013.

Vous trouverez ICI une analyse intéressante sur cet épisode du 18 juin 2013.