vendredi 11 février 2022

"Plus fait douceur que violence"


"Plus fait douceur que violence". C'est une des réflexions philosophiques - leçons de morale - des instituteurs de la troisième république, à Bourisp comme partout en France.

Nous sommes en 1875. Le Conseil Municipal de Bourisp débat du financement de l'"instruction primaire". Car l'école n'est pas encore gratuite. Les lois Ferry instaurant gratuité, obligation et laïcité ne seront votées que quelques années plus tard.



"M. le Président donne connaissance des dispositions de la loi du 15 mars 1850... et de la circulaire du 9 août de cette année.
Il fait connaître au Conseil le chiffre approximatif des dépenses de l'instruction primaire et l'invite à délibérer de ces dépenses et sur les moyens d'y pourvoir pendant l'année 1876."



Les dépenses d'abord:
" Le Conseil, après en avoir délibéré prend les dispositions suivantes. Il propose de fixer le taux de la rétribution scolaire à payer pour l'année 1876 ainsi qu'il suit:
Taux mensuel: 1,50 francs 
Abonnement annuel:
    • Pour un élève     10 francs
    • Pour deux frères    16 francs
    • Pour trois frères    20 francs
    • Pour quatre frères et plus    24 francs"
C'est la contribution des familles. On remarque qu'il n'est question ici que de frères. C'est qu'il s'agit de l'école de garçons. Mais qu'on se rassure, Bourisp, qui comme on le sait a toujours été  en avance sur son temps, disposait déjà à cette époque d'une école spéciale de filles. Certes, le salaire de l'institutrice était de moitié inférieur à celui de l'instituteur...

Les dépenses ensuite:
"Le traitement de l'instituteur est fixé comme suit:
Traitement fixe: 200 francs
Produit de la rétribution scolaire: 158,50 francs
Supplément de traitement: 441,50
Total des dépenses pour traitement: 800 francs"

Il s'agit là bien sûr du traitement annuel. Pour avoir une idée de ce que représente cette somme, la construction de l'école en 1883 avait coûté 14 000 francs.


Pour financer cette dépense on fait appel à la contribution des familles à hauteur de 158,50 francs, aux ressources ordinaires de la commune pour 602,82 francs, et à l'impôt pour 38,68 francs.

Le principe de gratuité de l'enseignement primaire public a été acté par la loi du 16 juin 1881, dite "Loi Ferry". Cela ne s'est pas fait sans débats car la loi prévoyait aussi l'obligation d'instruction et posait le principe de laïcité. Les débats ont fait rage:
Un prêtre fait signer à un âne une lettre de protestation contre les lois Ferry


La constitution du 4 octobre 1958 pose que: "l'organisation de l'enseignement public obligatoire gratuit et laïque à tous les degrés est un devoir de l'État"

Devoir que l'état délègue, au moins partiellement, aux communes. En effet si l'état prend en charge les traitement des enseignants, les communes ont la charge des écoles publiques établies sur son territoire. Elle est propriétaire des locaux et en assure la construction, la reconstruction, l'extension et les grosses réparations. Elle gère les crédits d'équipement, de fonctionnement et d'entretien des écoles.

Cent ans plus tard, l'école de Bourisp a été fermée au bénéfice de regroupements scolaires. Nos écoliers vont à Vielle-Aure, St. Lary, Guchen, Arreau... Pour autant, Bourisp assume toujours la charge de ses écoliers en participant au fonctionnement des écoles qui les accueillent en proportion de leur nombre. En 2021, une dépense de 12 000 euros à été inscrite à cet effet au budget de la commune.


L'école de Bourisp. Collection Amis du Vieux Bourisp